Santiago Cirugeda

Santiago Cirugeda, architecte espagnol né en Espagne en 1971, est diplômé de l'ESARQ (Universitat Internacional de Catalunya) à Barcelone. Après sept années de travail pour son propre compte, il fonde l'atelier Recetas Urbanas en 1996 qui participe aujourd'hui activement à la construction d'un réseau de travail avec d'autres collectifs de la péninsule, Arquitecturas Colectivas. Ses projets gravitent autour de problématiques propres à l'urbanisme telles que l'architecture éphémère, le recyclage, les stratégies d'intervention en milieu urbain, les prothèses sur des bâtiments ou encore les projets subversifs de participation publique dans les décisions urbanistiques. Il réalise des projets d'architecture et participe à différents programmes d'enseignement sur les questions en lien avec les failles du système juridique dans le contexte de la mondialisation. Il a publié les ouvrages "Situaciones urbanas" et "Arquitecturas colectivas", et les documentaires "Spanish Dr€am" et "En la RED". Sa pratique s'inscrit dans le champ de l'art public et développe une forte critique autour des problématiques sociales tel que l'accès au logement, aux espaces urbains en friches et à la legalité.

Expositions : Catalizadors, Accions Reversibles, Centre d’Art Vic-Barcelone, 2009 ; Actions: What You Can Do With the City, Graham Foundation. Chicago-Illinois, 2009 ; La vida en ningún lugar, Centre d’Art Matadero-Madrid, 2010.




Simulation d'un entretien entre l'un des architectes du Musac à León,

Emilio Tuñón, et l'avocat de Recetas Urbanas, à propos d'un litige

concernant la prothèse installée par Santiago Cirugeda sur la façade

(résumé)





Recetas Urbanas est un bureau d'architecture qui mène une réflexion autour de problématiques propres à l'urbanisme telles que les stratégies d'intervention en milieu urbain, les prothèses greffées sur des bâtiments ou encore.

Entre juillet et septembre 2012, ils ont installé leur PROTHÈSE INSTITUTIONAL 3, un projet signé par Santiago Cirugeda Parejo et qui questionne, comme l'op&eagrev;rent ses autres prothèses sur des bâtiments culturels, le pouvoir de décision de l'institution sur des questions urbanistiques face au pouvoir des citadins. Cette prothèse a été installée sur le MUSAC à León (Espagne), à l'occasion d'une Biennale d'Architecture. Il y a trois semaines, le 7 décembre, Emilio Tuñón et Luis Mansilla, les architectes du MUSAC, ont annoncé qu'ils allaient porter plainte pour dégradation, considérant la prothèse nuisible à l?esthétique du bâtiment.

Voici, un résumé de la conversation qui s'est tenue entre Emilio Tuñón et l'avocat de Recetas Urbanas, expert en urbanisme et législation artistique, et que le premier a engagée dans le but de clarifier le sujet avant d'entamer la procédure.

- L'avocat de Santiago Cirugeda comment par avancer l'argument suivant : en l'absence d'un contrat passé avec le musée stipulant les limites d'interventions sur le bâtiment, la plainte ne sera pas prise en compte. En outre, dit-il, un projet d'architecture doit être adapté à ses fonctions, ce qui va modifier forcément son esthétique.
- Emilio Tuñón défend son point de vue en s'appuyant sur le droit de propriété intellectuelle qui, lui, est inaliénable ; une intervention de ce type, qui ne se limite pas seulement aux besoins logistiques mais altère l?esthétique extérieure du bâtiment, doit être validé par les architectes.
- L'avocat semble s?énerver contre les architectes qui, selon lui "ne connaissent pas du tout les lois" ; Emilio Tuñón essaie, avant de porter plainte, de comprendre d'une part la modification du projet initial, et d'autre part, l'objectif d'une telle intervention. Selon lui, il ne s'agit en rien d'une réflexion architecturale, qui caractérise les projets menés par Recetas Urbanas dans le domaine du logement. Il se demande pourquoi la prothèse ne parasite le bâtiment qu'à l'extérieur et sur un plan logistique et non d'un point de vue fonctionnel. L'architecte ne comprend ni la raison qui préside à cette prothèse ni la passivité de l'institution face à un tel cas.
- L'avocat lui fait donc part des intentions de son client : évaluer le public du MUSAC et les architectes du bâtiment. À son avis, les deuxièmes ont réagi à cause de leur ego ; il explique qu'avant l?autorité doit exister le sens commun, et afin d'appuyer une telle assertion, ce dernier rappelle que d'autres collègues architectes, parfois même plus notoires, comme Santiago Calatrava, se sont vus contraints d'abandonner ce genre de questions au sein de leurs projets afin de donner la priorité à l'intérêt général de la ville, ville au sein de laquelle les bâtiments sont inscrits.
Concernant l'aspect fonctionnel de la prothèse, il explique que l'objectif de Santiago Cirugeda est de fournir des espaces nécessaires en ville, et que l'institution lui donne volontairement les outils et le droit de le faire autant qu'elle lui en confie la responsabilité.
Il distingue le public de la prothèse de celui de l'institution et explique la situation présente par l'incompréhension de cette manière d'agir de la part des architectes ; la logique des citadins et pas celle de l'institution : "... pour Santiago il ne s'agit pas tant de faire des petits projets partout que de proposer des solutions et de cautionner un suivi du projet sur le long terme..." Voilà la raison pour laquelle, à son avis, ils ne comprennent pas sa manière de "parasiter l'institution".
- Emilio Tuñón essaie de mettre fin à la discussion vu que "cette conversation ne nous mène nulle part car Santiago Cirugeda n'est pas ouvert au dialogue".
- L'avocat, lui, à vrai dire, ne voit même pas pourquoi il doit parler avec eux. Il dit qu'il n'a pas l'obligation légale ou morale de leur expliquer quoi que ce soit. Il continue à argumenter sur ce fait : si quelqu'un fait une demande de l'ordre du privé, comme c'est le cas lorsqu'il s'agit d'un bâtiment il a le droit de l'utiliser comme il l'entend sans devoir nécessairement en référer aux architectes : "...l'architecte ferait mieux de cesser de corire qu'il est le seul protagoniste."
- L'architecte a une autre conception de ce qu'est un projet d'architecture : même s'il s'agit d'une construction privée, elle a une incidence sur l'espace public et par conséquent, l'on est en droit d'affirmer qu'elle est une "affaire publique".
- À ce propos, le porte-parole de Recetas Urbanas répond que l'opinion de son client est que la ville est quelque chose de riche et ouverte et que l'administration publique et l'équipe payé avec l'argent publique doivent avoir aussi un certain pouvoir de décision : "...quand la façade du MACBA (Musée d'Art Contemporain de Barcelone) a été intervenue, personne n'a pas été vexée, et Ávalos et Herreros on posé des fleurs et des trucs tout autour... j'aimais pas non plus, c'était horrible je trouve, mais bon je ne comprends rien, mon truc c'est les lois."
- Emilio Tuñón finit par dire que ils vont réfléchir sur tout ça, il rigole en disant que peut être qu'ils ont besoin aussi de changer son bâtiment...
- L'avocat aime l'idée car elle lui rappelle un projet réalisée par son client où des gens avaient squatté un bâtiment qu'il avait lui-même squatté auparavant. Il dit : "C'est une bonne manière de rester alerte, de ne pas laisser des choses s'étancher." Il continue sa réflexion en expliquant qu'aujourd'hui, un musulman ne peut pas porter plainte contre l'église catholique parce qu'une couronne de la Renaissance a été mise sur le minaret de Séville, la Giralda, ou parce que la mosquée de Cordoue est devenue une cathédrale baroque.

Il conclut ainsi : "...donc si vous voulez, vous pouvez toujours porter plainte... puisque vous n'avez pas trop de travail, vous pouvez le faire, et je vous contrôlerai gratuitement."

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