e-taz (electronic temporary autonomous zone)
   
  Emmanuel LOUISGRAND
    artiste-jardinier / artist-gardener
 
 
Julie AULT

Catherine DAVID
Simone FORTI
Catherine FURET

Krist GRUIJTHUIJSEN
& Johan LUNDH
Jan KOPP
Pierre MAHEY
Viktor MISIANO
Nils NORMAN
Melik OHANIAN
Florian SCHNEIDER
Stefan TIRON

De : <ecole@magasin-cnac.org>
Date :  Vendredi 5 mai 2006 17:40
À : Emmanuel Louisgrand
Objet : Invitation à participation

Bonjour Emmanuel,

Je suis l'une des cinq participantes à la session15 de l'école du Magasin. Nous nous sommes rencontrés au mois de février dernier à la galerie Roger Tator à Lyon autour de ton projet "l'ilôt d'amaranthes". Dans le cadre du projet que nous développons à Grenoble, nous menons une série d'entretiens auprès d'artistes, de critiques ou d'architectes sur la question de la participation en art. Ces entretiens sont par la suite édités sur notre site internet et présentés dans l'espace d'exposition de notre projet.

Je souhaiterais, si tu le veux bien, aborder ce sujet avec toi.

Lorsque tu as créé "l'ilôt d'amaranthes" en 2003, tu étais seul à travailler la terre, à semer et entretenir le jardin. Puis, d'années en années, tu l'asélargi et ouvert aux passants et aux habitants du quartier. Ces derniers étaient ainsi invités à venir planter leurs propres légumes ou autres végétaux. Cette année, tu avais le projet d'initier une expédition en montagne avec un certain nombre de participants pour récolter des plantes qui seraient par la suite replantées dans l'ilôt.

Qu'est-ce qui t'a conduit à développer une participation du public de plus en plus prononcée ? Quelle place, de ton point de vue, celle-ci occupe-t-elle dans ce projet ?

J'espère vivement que tu trouveras un peu de temps pour répondre à ces quelques interrogations.

Très amicalement,

Lore Gablier

 

De : Emmanuel Louisgrand
Date :  Vendredi 19 mai 2006 10:51
À : <ecole@magasin-cnac.org>
Objet : Re : Invitation à participation

Bonjour Lore,

Merci de l'intérêt que tu portes à l'îlot d'amaranthes, excuses moi pour le délai de réponse.

La dimension humaine a toujours eu une place privilégiée dans mon travail. Je dirais même plus que c'est l'échange avec autrui et le legs qui m'intéresse. Je l'avais déjà abordé dans des projets antérieurs (à Istres, Monflanquin). Les relation privilégiées en tête à tête avec des règles préétablies pouvaient donner lieu à un partage des taches dans le suivi des projets . Quand je suis arrivé sur l'îlot, la place géographique du site, (hyper centre, quartier populaire) m'a naturellement orienté sur une proposition altruiste ouverte aux autres. Les jardiniers retenus sont bien rentrés dans le projet et savent qu'ils oeuvrent dans l'enceinte d'un travail artistique.

Cependant l'échange hebdomadaire n'est pas toujours évident et les jardiniers invités ont des difficultés à s'extraire d'une simple utilisation du jardin.

Je ne souhaite pas une relation prof/élèves mais plus de conduire à un legs du travail comme je te le disais plus haut qui puisse donner au jardin une singularité dans sa forme et dans son fonctionnement. J'y travaille patiemment, ces choses s'obtiennent dans la durée.

La proximité d'une autre association de jardiniers, et l'attente de retour des financeurs de l'opération ne me facilitent pas la tâche. J'entend par là que je suis très vite ballotté mis en attente de résultat et comparé à des formules de jardins ouvriers que je connais bien mais que je ne désire pas développer sur l'îlot. Je suis peut-être trop en attente dans cette relation ?. En tout cas c'est très intéressant à expérimenter et l'issue aura sûrement des répercutions dans mes prochains modes opératoires.

je reste à ta disposition si tu souhaites poursuivre la discussion.

Salutations.

Emmanuel

 

 

De : <ecole@magasin-cnac.org>
Date :  Lundi 22 mai 2006 18:26
À : Emmanuel Louisgrand
Objet : Re : Invitation à participation

Bonjour Emmanuel,

Je suis ravie que tu aies accepté de participer à ces entretiens et suis effectivement très intéressée à l’idée de continuer ensemble cet échange.

Dans ton précédent mail, tu évoques le recrutement des jardiniers. Quels ont été à l’origine tes modes de communication pour le projet et comment as-tu finalement sélectionné les jardiniers participant à l’ilôt d’Amaranthes  ? Était-il à tes yeux important qu’ils soient des habitants du quartier ?

L’ilôt d’Amaranthes a cette particularité d’être une oeuvre artistique temporaire, évoluant au fil des saisons et des politiques. Quelle place cette dimension incertaine occupe-t-elle dans ce travail ? Comment l’assumes-tu ?

Pour la première fois, lors de notre rencontre, j’ai entendu l’expression de “dent creuse”, une autre manière de nommer les espaces en friches. On parle de la racine d’une dent comme de la racine d’un végétal. Je me demandais quelle est l’origine de cette expression et comment toi-même tu la perçois ?

Considères-tu ton travail d’un point de vue symbolique ?

Très amicalement,
Lore