07 / 10 / 05 - 14:00    
Liliane SCHNEITER, CCC de Genève
séminaire / seminar of Liliane SCHNEITER, CCC Geneva
 


Quelques-uns comme Philip K. Dick proposent une vision exploratoire de l'Histoire sous-tendue par une pensée libertaire donc critique de l'écriture de l'Histoire.
Dans son récit se pose la question de la forme à donner, de son écriture, ses modalités.
"Si vous trouvez ce monde mauvais, vous devriez en voir quelques autres". (1977)

Michel de Certeau envisage l'organisation de la durée, la mise en scène d'un récit de manière à régler l'écriture de l'Histoire.

Giorgio Agamben examine le champ critique du récit de l'Histoire et investit la problématique de manière philosophique. Savoir et expérience. La condition de l'individu depuis la valeur fragmentaire de telle écriture, avec Walter Benjamin, est placée au centre de cette vision qui soulève la question de la fin de la connaissance.

p.130: "Contrairement à ce qu'affirmait Hegel, c'est seulement comme lieu originel du bonheur que l'histoire peut avoir un sens pour l'homme. À cet égard, les sept heures d'Adam au Paradis sont le noyau originaire de toute véritable expérience historique. Car l'histoire n'est pas, comme le voudrait l'idéologie dominante, l'asservissement de l'homme au temps linéaire continu, mais sa libération; le temps de l'histoire, c'est le kairos qui permet à l'initiative humaine de saisir l'occasion favorable et de choisir instantanément sa liberté…".

Avec Enfance et Histoire, G. Agamben discute la façon dont on entre dans l'Histoire.
"L'Histoire c'est donc le choc de la tradition et de la condition politique."

L'Histoire telle qu'elle est perçue devient une sorte de catalyse, de précipité (au sens chimique du terme).

Rapport sur la construction des situationnistes.
L'événement est cet ici & maintenant, l'occasion de l'écriture; "il faut que quelque chose se passe".
Ouvrir la brèche dans la société. S'engouffrer dans la faille, pour en saisir les sens et directions.

La théorie critique (réflexion des penseurs sur l'Histoire qui étaient contemporains des philosophes) vient d'un moment de fracture. Ecole de Francfort – Institut indépendant- au sein duquel oeuvraient Adorno, Benjamin…
La nouvelle écriture de l'Histoire revendique la multiplicité des voix et la fragmentation pour sa rédaction. Passer d'un extrait l'autre, de la petite à la grande histoire, du singulier au général, de l'individu au groupe.

Archéologie de la modernité : Walter Benjamin.
Archéologie du savoir : Michel Foucault.

Transversalité de l'Histoire matérialisée par des citations.

L'œuvre des passages.
Documenta 8: Joseph Kosuth: œuvre sur 2 étages, œuvre de montage, créer des situations.

Comment représenter l'Histoire?
- Le XIX ème siècle fut le siècle de la photographie, de la fixité. Figer le temps, les êtres.
- Le XX ème est celui de la mobilité, du montage, de l'assemblage des plans, des idées. Siècle du cinéma. Cadrer, recadrer, décadrer/monter, démonter, refaire le montage de l'Histoire.
- Le XXI ème siècle est celui de la circulation, du cyberespace, de la transversalité, de la pensée rhyzomatique initiée par Deleuze. Il reste à définir vers une ouverture mobile. Mouvance.

Affect -> Percept -> Concept

Agencer l'Histoire c'est transformer la matière brute, donner une forme au monde, à nos pensées, révéler le contenu d'expérience.

Articuler les pôles (montage)
Actualiser (déplacement)
Adresser (au public, au monde)

Entre la chose et la problématique, se situe en équilibre, la "punctuación misteriosa" (l'attention flottante).
Philippe K. Dick raconte l'Histoire en écrivant une fable.

Histoire(s) du Cinéma de J.-L. Godard : "His-toi-toi-re. Toutes les histoires." Pluralité des langues. Être dans l'esprit du travail de la langue, c'est repenser les mots, réinventer le langage, créer des paradoxes.
Éprouver l'Histoire : mettre à l'épreuve l'expérience de l'Histoire.
Faire le travail du langage, de l'image, de l'Histoire, c'est en faire l'expérience.

"Se mettre au service du rêve": sélectionner, choisir, mettre ensemble en vue d'établir un contraste pour signifier l'Histoire.

S'interroger sur la question de la résistance dans le rapport à l'écriture de l'Histoire, c'est s'interroger sur comment dire autrement. Immerger les choses dans le réel.

L'amitié, les relations durables, paraîssent être une forme de résistance.
Lire l'art de la guerre [pouvoir-savoir-saveur ]…pour ne pas à avoir la mener.

Éprouver les choses dans le cadre de la réflexion sur l'écriture de l'Histoire, c'est appréhender une certaine plasticité du temps.

D. B.





Bibliographie proposée

DICK, Philip K., Si ce monde vous déplait, Paris, éditions des Mille et une nuits, coll. Essai, 1998.

THOREAU, Henri David, Le monde sans principe, Paris, éditions Mille et une nuits, coll. Essai, 2004.

CERTEAU, Michel de, L'écriture de l'histoire, Paris, éditions Gallimard/Folio, coll.Histoire, 2002.

AGAMBEN, Giorgio, Enfance et histoire: destruction de l'expérience et origine de l'histoire, Paris, édition Payot Petite bibliothèque coll. Critique de la politique, 2002.

LYOTARD, Jean-François, Le post-modernisme expliqué aux enfants, Paris,

BENJAMIN, Walter, Fragments philosophiques, politiques, critiques, littéraires, Paris, éditions PUF/Collège international de philosophie, 2001.

GODARD, Jean-Luc, Histoire(s) du cinéma, film vidéo, éditions Gaumont, couleur, 4 chapitres, 5 h 14 min , 1988-1998.

VOCABULAIRE EUROPÉENNE DES PHILOSOPHES, sous la direction de Barbara Cassin, Paris, éditions Seuil, Le Robert, 2004.